|  |
Pour
en savoir plus sur l'édition précédente >>> COLEIT
2012
Contexte
La
transition écologique et sociale (TES) de l'économie est aujourd'hui
considérée par les institutions nationales, européennes et
internationales comme une nécessité incontournable. Dans le cadre
systémique qui caractérise les sociétés actuelles,
les institutions et nombre de chercheurs identifient cette transition comme l'unique
voie permettant de faire coexister croissance économique, équité
sociale et préservation de la planète. C'est ainsi que s'exprime
notamment le Programme des Nations Unies pour l'Environnement. L'Organisation
Internationale du Travail estime que "l'économie verte" a généré
des dizaines de millions d'emplois et permettra de créer 15 à 60
millions d'emplois supplémentaires dans le monde. Au niveau européen,
le Commissaire Européen pour l'Environnement Janez Potocnik insiste sur
le leadership des entreprises européennes dans le domaine des écotechnologies,
sur l'intérêt pour les entreprises d'améliorer l'efficacité
des ressources. Il insiste aussi sur la crédibilité des "allégations
environnementales des produits et services" pour que l'économie verte
soit une réussite.
Le discours dominant (et par ailleurs assez
récent) indique notamment que cette transition passe par le développement
et la mise en uvre de l'économie circulaire (EC). Synonyme pour certains
d'Écologie Industrielle et Territoriale (EIT) , d'autres voient une relation
d'inclusion entre l'EIT et l'économie circulaire. Le ministère de
l'Écologie, du Développement Durable et de l'Énergie définit
cette économie circulaire comme un "modèle de développement
basé notamment sur une réduction et une meilleure réutilisation
de nos déchets pour épargner les ressources naturelles". Plusieurs
séminaires nationaux organisés par des territoires ou les services
de l'État français, tels que le CATEI ou les Rencontres de Fos,
ont mis en évidence l'intérêt pour les démarches portées
par les chercheurs de la communauté interdisciplinaire visant à
faire de l'EIT un des modes de réflexion et d'analyse des sociétés
humaines face aux enjeux du développement durable. Il reste néanmoins,
dès le départ au sein de cette communauté, que deux visions
diffèrent entre chercheurs s'inscrivant dans une économie de marché,
plus ou moins régulée par l'État, et soutenue par une forte
innovation technologique, et chercheurs considérant que la réflexion
devrait également porter sur de sérieux questionnements quant aux
fondements (économiques, sociaux, productivistes, etc.) actuels des sociétés
occidentales. Cette deuxième communauté ne réfute pas le
discours selon lequel l'EIT et l'économie circulaire peuvent être
fortement associées à un moyen de répondre au défi
de la réindustrialisation, et plus largement fonder une dynamique territoriale.
Cependant, elle place le curseur vers une durabilité plus forte, moins
fondée sur l'essor d'un capital technologique et sur son primat par rapport
au capital naturel. | | Objectifs
Il
y a deux ans, COLEIT 2012 a offert l'opportunité à des participants
issus de différentes disciplines d'échanger sur de nouvelles approches/méthodologies
et d'ouvrir de nouvelles pistes de recherche dans le domaine de l'EIT. Elle a
également permis d'initier la création d'une communauté scientifique
multidisciplinaire dont les travaux et réflexions se rejoignent autour
de la question de l'EIT. La prochaine étape devrait viser à accroître
les travaux interdisciplinaires entre les chercheurs de cette communauté
naissante, sans en sous-estimer, cependant, les difficultés : création
d'un vocabulaire commun, compréhension croisée des concepts des
uns et des autres.
Ce colloque a pour objectif principal de faire progresser
l'état actuel des connaissances et des recherches de l'écologie
industrielle et territoriale tant aux niveaux scientifique qu'opérationnel.
Il s'adresse aux chercheurs, enseignants-chercheurs et doctorants des sciences
humaines et sociales, des sciences de la terre et de la vie et des sciences de
l'ingénieur. Le questionnement central autour duquel les propositions de
communication devront porter s'appuie sur deux axes :
- d'une part sur
la contribution théorique, stratégique et opérationnelle
de l'EIT à la question de la transition écologique et sociale de
l'économie qu'il convient d'interroger (Axe 2), si tant est que celle-ci
ait un sens compte-tenu des enjeux de la transition tels qu'ils sont considérés
(axe 1);
- d'autre part sur la contribution supposée de l'EIT à
la construction d'un projet de territoire répondant à des enjeux
de durabilité, en faisant notamment référence aux aspects
de gouvernance, de méthodologies, d'outils, ou encore d'évaluation.
1
- http://www.developpement-durable.gouv.fr/Qu-est-ce-que-la-transition.html
2 - Pour une définition de la notion d'EIT : Brullot, S., Maillefert M.,
Joubert J., Stratégies d'acteurs et gouvernance des démarches d'écologie
industrielle et territoriale, Développement durable et territoires [En
ligne], vol. 5, n°1, février 2014 ; Buclet, N. Ecologie industrielle
et territoriale : Stratégies locales pour un développement durable.
Presses Universitaires du Septentrion, 2011.
3 - Comité d'Animation
Territoire Durable et Écologie Industrielle, créé en 2012
sous l'égide du CGDD. Il comprend des administrations (ministère
de l'Écologie, du Développement Durable et de l'Énergie,
ministère du redressement productif), l'ADEME, la CCI de France, des collectivités
locales, des associations telles que Orée et ETD. |

Des
sessions plénières seront organisés autour des thématiques
suivantes :
Axe
1 Transition
et développement durable : débats et orientations épistémologiques,
débats idéologiques
Il s'agit ici de s'intéresser
plus globalement à la question des enjeux de durabilité portés
par la transition écologique et sociale de l'économie. Le fait de
parler de transition de l'économie, et non de la société,
en appelle-t-il à une vision s'appuyant essentiellement sur le paradigme
social dominant de la consommation et de la production de masse, offrant ainsi
une vision étriquée de la transition et ses enjeux ? L'EIT semble
constituer une opportunité opérationnelle pertinente pour contribuer
à cette transition selon les discours politico-économiques nationaux
et internationaux. Cependant, son ambition scientifique ne doit-elle pas se situer
à un autre niveau, en permettant notamment de penser autrement les enjeux
de la transition ? Axe 2
Transition écologique, économique
et sociale et développement des territoires L'EIT
est susceptible d'être mobilisée sur les territoires afin de favoriser
la transition écologique, économique et sociale. Mais qu'est-ce
que cela signifie du point de vue de l'organisation des territoires et de leur
potentiel de développement ? La notion de transition appelle-t-elle à
une transformation en profondeur des modes de production, d'organisation et de
consommation des flux de matières et d'énergie des territoires,
selon les principes de l'EIT, ou s'agit-il de " verdir " de nouvelles
modalités de production énergétique et de gestion de déchets
éco-efficaces ? Il s'agira également d'interroger le potentiel de
développement territorial des stratégies d'EIT : ancrage territorial,
industrialisation ou ré-industrialisation, création de nouveaux
modèles économiques, structuration ou pérennisation de filières,
résilience et vulnérabilité des territoires (urbains, péri-urbains,
ruraux). Enfin, une réflexion sur les enjeux spécifiques des territoires
urbains, industriels, ruraux et les rapports villes-campagne sera également
menée dans cet axe. La meilleure compréhension des synergies, juxtapositions,
concurrences ou exclusions territoriales entre zones agricole, urbaine et industrielle
est aujourd'hui un enjeu essentiel. L'écologie industrielle et territoriale
appelle la mise en uvre de pratiques nécessitant un décloisonnement,
dont il convient d'en identifier les leviers et les verrous, entre ces espaces
et les acteurs qui les occupent et les gèrent. Axe
3 Retours
d'expériences Les démarches d'écologie
industrielle et territoriale se multiplient en France et à travers le monde.
Force est de constater que ces démarches se diversifient et que le modèle
de la symbiose industrielle, tant convoitée et analysée par bon
nombre de chercheurs, n'est plus l'unique illustration de la stratégie
d'écologie industrielle et territoriale. Périmètres, objectifs,
modalités de gouvernance et résultats sont autant de paramètres
qui diffèrent d'une démarche à l'autre. Des projets territoriaux
spontanés émergent alors que des démarches structurées
et accompagnées de méthodologies et d'outils dédiés
à l'EIT ne donnent lieu qu'à peu de " synergies ". Quelles
leçons en tirer ? Serait-il intéressant de catégoriser les
différentes démarches d'EIT que l'on rencontre aujourd'hui sur les
territoires ? Répondent-elles à des besoins différents ?
Assistons-nous à une diversification du modèle de la symbiose industrielle
? Axe 4 Outils
et méthodes de diagnostic, d'évaluation et d'aide à la décision Dans
cet axe sont attendues des papiers permettant de présenter et de faire
une analyse critique de l'utilisation d'outils, ainsi que des différentes
approches méthodologiques qui existent et qu'il conviendrait de développer
compte-tenus des besoins. Plus largement, il s'agit également de présenter
des approches innovantes facilitant la mise en uvre de démarches
d'EIT, d'en assurer le suivi organisationnel, fonctionnel et de gouvernance, ou
encore d'en évaluer les performances via des approches monocritères
ou multicritères. L'accent étant mis sur l'interdisciplinarité
qui caractérise bon nombre de travaux en EIT, une attention particulière
sera portée aux contributions explicitant la nécessité de
croiser des approches méthodologiques qualitatives et quantitatives, les
verrous rencontrés et les développements réalisés. Enfin,
la modélisation et la simulation des relations et des interactions entre
les différents acteurs d'un territoire peuvent en particulier permettre
de mieux comprendre le fonctionnement d'un territoire. Comment identifier ses
acteurs clés ? Leurs points de convergence et de divergence quant à
la perception des territoires et de futures trajectoires possibles permettent-ils
d'initier un processus de co-construction d'un projet de territoire ? Des scénarios
d'évolution d'un territoire peuvent ainsi être construits, évalués
et comparés selon différents critères (degrés de résilience,
d'autosuffisance, d'évaluation environnementale) afin de faciliter la prise
de décision des parties intéressées par le projet de territoire.
En particulier, une meilleure connaissance qualitative et quantitative des interactions
entre les trajectoires des politiques publiques en matière de développement
territorial et l'évolution d'une entreprise industrielle semble nécessaire
pour appréhender les conséquences sociétales des décisions
des différents acteurs du territoire. Quelles informations locales intégrer
pour aider à la décision des acteurs territoriaux sur les stratégies
de développement à privilégier ? Quelle pertinence des modèles
quantitatifs mettant en uvre des bases de données génériques
pour évaluer des scénarios spécifiques localisés ?
Est-il pertinent d'intégrer la notion de valeur sociétale à
travers des indicateurs évaluables quantitativement ? Etc.
Axe
5 Gouvernance et actions collectives L'écologie
industrielle et territoriale est une action collective qui semble susciter de
nouvelles modalités de gouvernance territoriale impliquant des acteurs
publics et privés. Il s'agit ici de s'intéresser à l'aspect
organisationnel des démarches d'EIT qui par définition doivent articuler
une multitude d'acteur et d'utilisation du sol (agriculture, urbain,
).
La notion de confiance souvent évoquée comme élément
indispensable à la coopération et à l'interaction des acteurs
est-elle suffisante ? Il est souvent fait référence à un
contexte relationnel favorable à l'émergence de démarches
d'EIT mais cela signifie-t-il qu'il existe des territoires dont le contexte organisationnel
n'est pas favorable à la coopération ou à la co-construction
? Est-il possible de le créer ? Quels sont les facteurs déterminants
? Enfin, coopération, co-construction, coordination, coopétition,
simple échange d'informations
peut-on définir un seuil minimum
d'intensité à atteindre dans la nature des relations entre acteurs
? |  |